Rencontrez Philippe Cyr, Emilie Leclerc et Manon Veldhuis

À une semaine de la première de Unité Modèle, nous avons posé quatre questions à l’équipe de création. Quels défis représente le texte de Guillaume Corbeil ? Comment se sont-ils préparés au projet ? À quel point les thématiques abordées les rejoignent ? Que diraient-ils aux spectateurs encore indécis ? Découvrez trois regards différents, trois approches distinctes, trois métiers de la scène.

1) A quel point les thématiques abordées dans Unité Modèle (gentrification, accès à la propriété, société de consommation, obsession de l’image, manipulation, …) vous rejoignent en tant que citoyens et citadins du XXIème siècle ?

Philippe – Je dirais que comme artiste, on pense souvent qu’on a choisi un métier en dehors du monde. On réalise assez vite que l’on est soumis au même dictat de performance et de réussite avec sûrement les bénéfices matériels en moins. Nous voulons faire de nos existences un tableau Pinterest, mais le laid est inévitable. Pourquoi déployons-nous tant d’efforts pour le camoufler? Être authentique voudrait dire accepter de partager nos moins jolis côtés. Ce texte me fait regarder la ville de façon particulière. Tous ces projets immobiliers, ces magasins de meubles luxueux en enfilade, ces belles et grosses voitures…. La ville semble débordante de richesse. Il y a quelque chose de violent dans cette abondance. Probablement parce qu’elle est capable de nous attirer et de nous donner la nausée en même temps.

Emilie – Toutes ces thématiques me rejoignent, comme pour la plupart des gens qui liront ces mots j’imagine! À moins de vivre dans une cabane au fin fond du bois ou sous une roche, nous sommes tous consommateurs et nous nous faisons tous manipulés (de près et ou loin) par ce qu’on essaie de nous vendre : le rêve, l’image, l’objet, la promesse d’un soi meilleur. Mais nous aussi, nous manipulons notre propre image d’une façon ou d’une autre en choisissant, par exemple, ce que nous portons le matin et en écrivant un post sur Facebook! Comme plusieurs Vancouvérois, on essaie de gentrifier mon quartier dans l’est de la ville, et je rêve d’être propriétaire dans cette ville où il faut être trop riche pour le faire. Donc, toutes ces thématiques me rejoignent et rejoindrons, selon moi, plusieurs de nos spectateurs.

Manon – L’Instagramisation de la vie quotidienne et vouloir/ne pas vouloir être à jour est quelque chose qui peut être exténuant. Mais d’une manière ou d’une autre, j’y participe. Ça m’attire et me donne envie de m’éloigner loin en même temps.

2) En tant que metteur en scène, comédienne, conceptrice, quels défis représente le texte de Guillaume Corbeil ? Comment vous êtes-vous préparés à ce projet ?

Philippe – Le défi c’est qu’il y a une quantité impressionnante de ruptures. Le texte utilise de nombreux procédés narratifs et joue avec les codes de la représentation. Je m’y suis préparé en identifiant les différentes étapes du récit, mais également en préparant le travail de conception pour que chaque élément soit le plus versatile possible.

Emilie – J’ai lu la pièce à quelques reprises pour essayer de mieux comprendre toutes les sous-couches du texte. Je voulais aussi mieux saisir la relation entre les deux représentants et celle entre le public et la performance. Cette pièce, c’est comme un oignon, il y a plusieurs couches et sous-couches. Aussi, je suis devenue plus alerte face à mes propres comportements de consommateurs et à toutes les publicités qui m’entourent quotidiennement.

Manon – Le défi est de réaliser un décor et des costumes qui peuvent refléter un « monde parfait » ainsi que quelque chose d’autre. En créant le décor et des costumes, je me concentre beaucoup sur la sensation que j’ai eu en lisant le script, que je transforme en concept. De là, je commence à confectionner des espaces avec des matériaux qui correspondent à cette sensation initiale.

3) Qu’est-ce qui fait d’Unité Modèle est un moment fort de la rentrée culturelle ? Comment convaincreriez-vous un spectateur encore indécis de venir voir le spectacle ?

Philippe – En tant qu’artiste du spectacle je me trouverais bien arrogant de dire qu’Unité Modèle est un moment fort de la rentrée. On va attendre de voir si le monde aime ça… Aux indécis, il faut venir voir cette performance exigeante. Le texte de Corbeil est un bijou, c’est extrêmement bien construit et il porte un regard très aiguisé sur notre société.

Emilie – La vrai question, c’est pourquoi aller au théâtre plutôt que de rester confortablement chez soi devant Netflix et un bol de popcorn. Pour moi, le théâtre reste un lieu de rencontre et fait vivre au public une expérience unique et immersive. Unité Modèle a besoin du public pour vivre! Cette rencontre entre le public et la performance est vraiment au coeur même de la pièce puisque le quatrième mur s’efface complètement dans certains segments. En plus de divertir et de faire vivre des sensations fortes, la mise en scène de Philippe et les mots de Guillaume ont vraiment le potentiel de faire réfléchir, de questionner et donner la chance au public de vivre quelque chose de différent au théâtre. Alors venez!

Manon – C’est une histoire très intéressante avec plein de niveaux différents et des connexions avec le 21e siècle. C’est surtout intriguant par rapport à ce qu’il se passe à Vancouver (ainsi qu’à Amsterdam), le futur des jeunes et comment cela affecte leur vie quotidienne, leurs choix et leur mentalité.

4) Si vous deviez choisir deux mots pour décrire la pièce, ce serait… ?

Philippe – Sucré et collant

Emilie – Rêve et réalité

Manon – Délicieusement passionnant

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