Entrevue avec Isabelle Brouillette

Isabelle Brouillette est comédienne et co-directrice du Théâtre Catfight. Elle accompagne sur scène et en coulisses Baby-Sitter depuis sa création au Théâtre La Licorne à Montréal en avril 2017. Autant dire qu’elle était la mieux placée pour répondre à nos questions à une semaine de la première de la pièce.

Théâtre la Seizième – Bonjour Isabelle, nous sommes ravies de t’accueillir ainsi que toute l’équipe la semaine prochaine à Vancouver pour 5 représentations de Baby-Sitter. C’est la première fois que la pièce s’aventure dans une province anglophone, quel est ton sentiment à quelques jours de prendre l’avion ? Comment appréhendes-tu la rencontre avec ce nouveau public composé de vancouvérois anglophones, de québécois installés plus ou moins durablement à l’Ouest et d’expatriés internationaux ?

Isabelle Brouillette – Je suis franchement très excitée. Notre décor et nos costumes sont partis lundi dernier, une semaine avant notre arrivée, afin de traverser le pays, ça donne toute la dimension de ce projet !

Je me sens heureuse, fébrile et privilégiée de présenter Baby-Sitter chez vous au sein d’une communauté anglophone et francophone curieuse. Nos cultures sont différentes mais je crois que les sujets et les dynamiques entre les personnages peuvent interpeller et faire réagir tous les spectateurs. Je demeure intriguée cependant et excitée par les réactions que notre Baby-Sitter suscitera chez-vous. Il n’a laissé jusqu’ici personne indifférent ! Dans notre coin de pays, le plaisir a été contagieux lors de nos nombreuses représentations (plus de 70), j’espère de tout cœur enflammer d’aussi belle façon le public du Studio 16.

La Seizième – L’auteure Catherine Léger s’est inspirée d’un fait divers pour écrire Baby-Sitter. Le Théâtre Catfight, dont vous êtes toutes les deux les co-directrices, a pris en charge la production de la pièce. Qu’est-ce qui t’a séduit dans le texte en tant que productrice et comédienne ?

I.B. – Avec Baby-Sitter, Catherine a réussi un pari impressionnant : écrire une comédie féministe, sans être pamphlétaire. C’est un texte qui réussit à bousculer et déstabiliser le spectateur tout en le faisant éclater de rire. C’est le meilleur des mondes ! Comme productrices, nous avons envie d’offrir un moment de théâtre qui se prend comme un petit bonbon mais qui bouscule nos idées et qui change un peu notre façon de regarder le monde. Comme comédienne, cette pièce est un cadeau. Les répliques sont savoureuses et efficaces. Les personnages sont intelligents et ont de la répartie. C’est une joute scénique qu’on ne se lasse pas de jouer !

La Seizième – Le personnage de Nadine frôle la dépression post-partum et n’est pas aidé par son conjoint en pleine crise existentielle. Comment t’es-tu approprié ce rôle complexe ? Peux-tu nous parler un peu plus de Nadine, qui est peut-être le personnage le plus effacé de la pièce ?

I.B. – Au départ, j’ai été déstabilisée par les réactions « non-émotives » du personnage de Nadine. Dans la dramaturgie, nous retrouvons la plupart du temps des personnages féminins au caractère explosif, émotif, au « bord de la crise de nerf », ou au contraire, soumis, dociles, victimes. Nadine n’est pas de cette trempe. Elle est cérébrale, détachée de ses émotions, elle juge, observe, et surtout, elle est fatiguée. Ce qui donne, vous verrez bien (!) un personnage féminin atypique, très fort. La courbe de Nadine au sein de l’histoire est riche et étonnante.

La Seizième – Nous sommes dans une période propice au dialogue, le mouvement #MeToo a libéré la parole des femmes et nous avons le sentiment qu’une prise de conscience se fait, bien que le chemin de l’égalité des sexes soit encore long. Comment Baby-Sitter s’inscrit dans cette actualité ?

I.B. – Baby-Sitter a été écrit avant #MeToo et lorsque nous l’avons présenté en avril 2017, le sujet de la pièce était aussi d’actualité suite au déraillement de mouvements sexistes qui avait lieu sur internet. La misogynie est malheureusement d’actualité depuis des millénaires. Baby-Sitter dénonce les voix paternalistes qui présentent les femmes comme des victimes potentielles. Baby-Sitter présente des modèles féminins qui n’ont pas peur. Et qui ne sont pas des victimes. Il est essentiel pour nous d’insuffler des personnages féminins forts dans notre imaginaire collectif.

La Seizième – Il y aura une soirée spéciale organisée en partenariat avec Réseau-Femmes Colombie-Britannique et le Conseil jeunesse francophone de la Colombie-Britannique le jeudi 11 octobre. Pourquoi Baby-Sitter est une pièce à conseiller aux jeunes adultes et aux jeunes femmes en particulier ?

I.B. – Baby-Sitter nous parle, sous un angle nouveau, de la perception « paternaliste » qu’ont certains hommes sur les femmes et comment cela influence la vision « faible » qu’on a d’elles. C’est un aspect de la misogynie qui est peu abordé et qu’il est essentiel d’analyser. Et tout cela se passe sans faire la morale. Cette pièce plait aux jeunes grâce à son écriture très rythmée, punchée, drôle et déstabilisante.

Catherine Léger, dans cette pièce, donne la parole à quatre personnages, deux hommes et deux femmes, qui ont tous raison ou tort à un certain moment. Les rapports entre les femmes et les hommes sont complexes. Les jeux de pouvoir entre les humains le sont tout autant. Ce spectacle nous fait naviguer au cœur de ces réflexions avec des personnages intelligents qui ont de la répartie et des personnages féminins audacieux et inspirants.

La Seizième – Catherine s’était prêtée au jeu de cette question avec la Bible Urbaine l’an passé : et toi, si tu devais convaincre en 30 secondes, dans un ascenseur, un mini groupe de cinq personnes de venir voir Baby-Sitter, quel serait ton elevator pitch pour qu’ils accourent voir le show ?

I.B. – Vous allez être déstabilisés mais heureux de l’être.
Baby-Sitter aborde des sujets délicats comme la misogynie et le féminisme sans être lourd ou pamphlétaire.
Vous allez rire, franchement rire.
La baby-sitter est aussi merveilleuse que Mary Poppins
Et le punch final est parfait 😉

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