Le Polygraphe: entrevue avec Cory Haas et Richard Wolfe

Trois à six interprètes, cinq jours de répétitions, un accompagnement musical, des projections vidéos, des musicien•ne•s… Une lecture est une expérience théâtrale inédite, qui va bien au-delà de la simple lecture d’un texte sur scène! Pour Le Polygraphe, le deuxième texte de notre série ÉCHO(S), la Seizième renoue son partenariat avec Pi Theatre. Rencontre avec Cory Haas et Richard Wolfe, directeurs artistiques de la Seizième et de Pi, qui mettent en lecture ce texte phare de Marie Brassard et Robert Lepage

Photo Cory Haas © Gaëtan Nerincx / Richard Wolfe © Pi Theatre

 

Parlez-nous de ce choix de mettre en lecture Le Polygraphe 

Cory Haas: La saison dernière, nous avons renoué notre connexion avec le Pi Theatre, compagnie que j’affectionne tout particulièrement pour la qualité de son travail à Vancouver. Pi et la Seizième ont un vécu important, ayant dépassé la barrière de la langue en portant sur scène des lectures et des spectacles québécois dans les années 90. Pour le 50e anniversaire de la Seizième, j’ai décidé de faire une série de lecture de textes marquants faisant écho à notre histoire, un par décennie. Je me suis dit que ça serait l’occasion de continuer cette relation, d’autant plus que Pi célèbre ses 40 ans! En fouillant dans nos archives, je me suis intéressé tout de suite à ce spectacle, avec des thèmes qui sont toujours d’actualité et j’ai approché Richard.  

Richard Wolfe: Cory est venu vers moi avec l’idée de nous réunir pour célébrer les anniversaires de Pi et de la Seizième en revisitant ce spectacle que les deux compagnies avaient créé ensemble en 1992. En raison de mon intérêt pour le travail des artistes québécois, et parce que Cory et moi partageons un certain goût théâtral, j’ai trouvé que c’était une excellente idée.

 

En quoi cette pièce a-t-elle été marquante pour la Seizième et Pi Theatre ?

C. H.: Ça a été un évènement important car pour la première fois, Lepage donnait à ces compagnies la permission de mettre en scène un de ces textes (celui-ci écrit avec Marie Brassard), sans qu’il n’y participe! La réception du spectacle a d’autant marqué l’histoire de nos compagnies.  

 R. W.: Le Polygraphe a toujours été considéré comme un moment marquant dans l’histoire de Pi. Faire en sorte que Lepage et Brassard donnent leur feu vert pour une production de leur spectacle en dehors de leur propre compagnie a été un véritable événement. Et en 1992, Lepage lui-même était encore au début son ascension, qui allait faire de lui l’un des créateurs de théâtre les plus respectés au monde. Pi n’avait que 8 ans lorsque nous avons monté cette pièce avec la Seizième. C’était une période excitante. Pi était également à l’avant-garde de la présentation des œuvres québécoises en traduction à cette époque, ce qui rendait la collaboration avec Seizième particulièrement importante.

 

La signature de Robert Lepage est très forte visuellement, quasi-cinématographique. Le Polygraphe a d’ailleurs été adaptée au cinema. Est-ce que vous vous êtes attachés à cela dans la mise en lecture ? 

C. H.: Pour les besoins d’une lecture performative comme celle-ci, nous nous sommes attachés à distiller la signature visuelle, pour créer des images fortes. Un univers se met en place pour chaque scène du spectacle, tout en gardant de la place pour les rebondissements de l’histoire. Nous voulions également jouer avec la langue du spectacle. Les scènes alternent entre le français et l’anglais, qui se mélangent parfois.  

R. W.: Nous nous sommes concentrés sur la narration, à travers le langage et les relations entre les personnages. En plus des projections, des effets sonores accentuent certaines parties de l’histoire. Une lecture se monte sur un temps très court [5 jours], ce qui donne une chorégraphie très différente d’une production avec quatre semaines de répétitions. Cela dit, nous restons sensibles à la poésie visuelle et nous cherchons à conserver ces moments.

 

Comment ce texte de 35 ans résonne-t-il aujourd’hui ?

R. W.: La métaphore fondamentale de la pièce est un mur. Le spectacle explore les nombreuses façons dont nous sommes séparés – les individus sont séparés de la vérité, de l’histoire, et les uns des autres à travers la langue, la culture, l’orientation sexuelle, les pratiques sexuelles et bien d’autres choses encore. À l’époque, la plus grande représentation de cette métaphore du mur séparateur était le Mur de Berlin. Mais elle reste présente aujourd’hui, peut-être plus qu’elle ne l’a jamais été.

C. H.: Même si le Mur n’est plus d’actualité, sa représentation se fait toujours sentir dans les sphères politiques et sociales. Les points de vue que nous entretenons sont parfois subjectifs. La vérité peut facilement se faire manipuler, et brouiller la façon dont on perçoit les choses. En cela, je pense que Le Polygraphe résonne encore. 

 

Vous devez convaincre dix personnes de venir voir la performance. Que leur dites-vous ? 

C. H.: Trois personnages, un meurtre, une pièce truffée de rebondissements qui vous fera douter jusqu’à la toute fin. Célébrez deux compagnies de Vancouver et le travail d’une équipe artistique qui monte une lecture en une semaine! 

R. W.: C’est l’occasion de revisiter une pièce emblématique de deux artistes québécois majeurs, interprétée par de grand•e•s comédien•ne•s de Vancouver, en français et en anglais, avec une équipe de conception incroyable dans une ambiance géniale. Et le bar sera ouvert!

 


Le Polygraphe est présenté les 24 et 25 janvier au Studio 16. Infos et billets disponibles sur la page du spectacle.

604.736.2616
[email protected]

226-1555, 7e Avenue Ouest
Vancouver, C.-B. V6J 1S1

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