Entretien avec Simon Boulerice

A partir du mois d’avril, le spectacle pour adolescents “Simon a toujours aimé danser” voyagera dans les écoles secondaires de Colombie-Britannique. Il sera également joué au Studio 16 le 13 avril à 19h.
Nous avons profité de la venue de son auteur, Simon Boulerice, à Vancouver, pour lui poser quelques questions.

« Les plus beaux messages que j’ai reçu dans ma vie, c’est après ce spectacle ».

Simon Boulerice, vous êtes à la fois écrivain, comédien, metteur en scène… Mais aussi danseur, chanteur, poète. Comment vous définiriez-vous ?

Je dis souvent que je suis un touche-à-tout épanoui. Je me sens multiple. J’ai d’abord étudié la littérature, puis j’ai bifurqué vers le théâtre. J’aime aussi la danse, le chant, les arts plastiques. Disons que je me vois comme un créateur qui aime particulièrement l’écriture. Le spectacle est un lieu que j’affectionne parce qu’il me permet de combiner plusieurs passions. Le théâtre est un peu la jonction parfaite entre la parole et le mouvement, deux pôles qui m’ont toujours aimanté.

Racontez-nous votre parcours…

J’ai grandi dans une petite ville, Saint-Rémi, en Montérégie. À sept ans, j’ai découvert que l’on en appelait les habitants les « Saint-Rémois », comme « Serrez-moi ». J’ai trouvé le double sens très beau, et ça a été mon éveil au vocabulaire, à la beauté des mots. À 17 ans, je suis parti à Montréal pour mes études. Montréal, c’est ma ville. J’aime voyager, découvrir de nouveaux endroits. Mais j’aime revenir à Montréal. C’est une ville imparfaite, et j’aime ça. C’est comme une maison dans laquelle on peut entrer avec ses chaussures, on n’a pas peur de salir, on se sent chez soi.

Parlez-nous de Simon a toujours aimé danser. Comment est née cette pièce ?

J’ai écrit ce spectacle alors que j’étais toujours à l’école de théâtre, en 2006. Simon a toujours aimé danser, c’est une autofiction. C’est une transformation de mon histoire, ou plutôt une hypertrophie de certains pans de ma vie. C’est l’histoire d’un adulte qui raconte l’humiliation vécue à douze ans, lorsqu’il mue en plein cœur d’un solo à l’église. Il se compare à deux génies musicaux, Mozart et Whitney Houston, qui ont tous deux à leur façon été géniaux dans des églises à peu près au même âge. C’est l’histoire de ce garçon qui perd, au même moment, la voix et la foi, devant Dieu. Un souvenir en partie vrai, avec lequel je joue.

Vous avez joué ce spectacle pendant plus de sept ans. Au printemps, c’est un autre acteur, Benoit Trudel, qui interprétera votre rôle dans la production de la Seizième. Comment préparez-vous cette transition ?

J’ai toujours pensé que quelqu’un d’autre pouvait s’approprier le spectacle. Je suis très heureux de voir que c’est possible, ici. Nous discutons beaucoup avec Benoit Trudel. J’ai envie qu’il se sente bien avec mon texte, qu’il se l’approprie. Quitte à modifier de légers passages, pour que son histoire irradie. Il n’est pas question qu’il joue mon rôle, mais qu’il vienne avec sa propre interprétation. Je tiens beaucoup à la sincérité. Il ne faut pas prétendre, il faut incarner. Être sincère dans la danse et dans le chant, accepter de révéler sa vulnérabilité dans la sincérité. Je dis ça en étant conscient que je parle de théâtre et non de cinéma, mais je sens que c’est ce que ce spectacle exige : jouer sur la frontière entre le vrai et le faux, mais que la gravité fasse tomber dans la vérité.

Quels sont les grands thèmes de Simon a toujours aimé danser ?

C’est une pièce hybride et protéiforme, un peu à mon image. J’y parle de transmission : Simon parle de son désir d’enfant, et de sa peur de ne pas en avoir. Mais la transmission, c’est aussi le partage de ses passions. Je parle de religion, aussi. Quand Simon chante à l’église, il y a ce point de rupture, cette trahison divine après laquelle il se met à danser.

Mais ce spectacle parle surtout de passion. Comment les passions peuvent nous révéler et définir. J’en suis convaincu : la vitalité de nos passions engendre notre épanouissement. Et pourtant, le Simon de mon histoire raconte qu’il se fait écraser un gâteau dans les cheveux après avoir dansé devant sa classe. Cette odeur ne le quitte jamais, mais il n’arrête pas de danser pour autant. Je pense que c’est pour ça que cette pièce résonne autant dans le cœur des adolescents. Parce que c’est un âge où l’on est passionné.

On dit souvent du jeune public qu’il est un public difficile, mais gratifiant. Est-ce que vous ressentez cela ?

Jouer cette pièce devant un public adolescent n’a pas toujours été facile. Voir un homme qui danse de façon épanouie sur scène, c’est encore compliqué pour certains ados. Et en même temps, je n’ai jamais été aussi fier. Les plus beaux messages que j’ai reçus dans ma vie, c’est après ce spectacle. Des ados qui restaient à la fin pour me remercier, pour me dire que le spectacle les avait bouleversés. Je sentais vraiment que je leur avais fait du bien. Quel pouvoir ! Quand je joue pour des adultes, je ne peux pas résonner autant. Oui, je peux plaire, je peux toucher, mais c’est tellement plus difficile de s’inscrire dans les mémoires. Les adolescents sont très réceptifs à la sincérité, ils la reçoivent en plein cœur. Et puis, c’est un spectacle intrinsèquement artisanal. Cette fragilité touche souvent les ados.

C’est un privilège, de jouer pour des adolescents. Il y a la possibilité de se déposer dans leur mémoire, oui, mais aussi d’être témoin de ce qui tressaille et vibre en eux, au terme du spectacle.

Un mot pour les adolescents qui s’apprêtent à venir voir le spectacle ?

Venir avec le cœur ouvert. C’est une belle posture que d’arriver en se disant : quelqu’un va se livrer à moi, et je vais accueillir son propos avec empathie.

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