Mononk Jules: 4 infos biographiques et faits historiques
Mononk Jules est une pièce de théâtre documentaire sous la forme d’un solo interprété par l’auteur, comédien et marionnettiste Jocelyn Sioui. Dans cette œuvre, l’artiste partage l’histoire de son grand-oncle, Jules Sioui, un héros autochtone tombé dans l’oubli. Entouré d’écrans et de boîtes qu’il ouvre et transforme pour présenter des archives, des maquettes et des marionnettes, il raconte l’histoire de Jules Sioui, qui apparaît dans toute sa splendeur, mais aussi dans ses aspects plus sombres. En prévision du spectacle, on vous invite à (re)découvrir quelques informations biographiques et faits historiques.
1. Qui est l’artiste Jocelyn Sioui?
Jocelyn Sioui est membre de la communauté wendate. Créateur et rassembleur, il est membre et cofondateur de Belzébrute, band de théâtre. Auteur, concepteur et interprète des spectacles Shavirez, le tsigane des mers (2008), Manga (2011) et Mr P (2013), il s’est produit un peu partout au Canada et en France, où le public a beaucoup apprécié ses œuvres. L’originalité de sa démarche lui a valu de nombreuses distinctions, dont le grand prix du jury au OFF/Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes de Charleville-Mézières 2013 pour son spectacle Shavirez. En plus d’être marionnettiste, comédien et auteur, Jocelyn est fondateur et directeur du OUF! Festival Off Casteliers, un festival consacré aux arts de la marionnette, devenu l’un des plus grands rassemblements de marionnettistes au Canada. Il est l’un des très rares marionnettistes autochtones au Québec.
2. Jules Sioui, grand-oncle de Jocelyn et héros autochtone
On a souvent qualifié le militant wendat Jules Sioui (1906-1990) de grand héros de l’autodétermination des Premières Nations. En effet, Jules Sioui est à l’origine de la fondation de l’Assemblée des Premières Nations et a mené un combat inlassable contre la ségrégation envers les peuples autochtones. Il a défié les pouvoirs publics et a été accusé d’être l’initiateur de mouvements de désobéissance civile, ce qui lui a valu d’être emprisonné à quelques reprises. Mais ni la détention ni les privations ne l’effrayaient. En ayant parfois même recours à des grèves de la faim, Jules Sioui a défendu les droits des siens et a dénoncé le système politique et le projet d’assimilation des Autochtones du gouvernement canadien. « Crois ou meurs » était sa devise !
« Il a fait de grandes choses, mais, comme dans la tragédie grecque, les héros finissent souvent mal pour toutes sortes de raisons », déclare Jocelyn Sioui dans le spectacle. « Et je pense que c’est ça, Mononk Jules. Son combat a été oublié, mais il a quand même bouleversé beaucoup de choses à son époque. Les pensionnats, la ségrégation… L’Histoire est sale, mais ce n’est pas parce qu’elle est sale qu’on ne doit pas la raconter. »
3. La « Loi sur les Indiens »
Saviez-vous que la « Loi sur les Indiens » mettait les Autochtones sous la tutelle de l’État et qu’elle les considérait comme des enfants ? Promulguée au Canada en 1876, cette loi, anciennement appelée « Acte des Sauvages », avait pour but d’administrer le statut d’Indien, les gouvernements locaux des Premières Nations et la gestion des terres de réserve. Sujette aux changements sans préavis et, bien sûr, sans l’accord des principaux intéressés, cette loi ne concernait que les personnes détenant le statut
d’Indien (les Indiens inscrits issus des Premières Nations), et non les Métis ni les Inuits. Malgré tout, Métis et Inuits devaient s’y plier au même titre que les Indiens inscrits. Cette loi définissait également les obligations du gouvernement envers les membres des Premières Nations, mais le but derrière tout cela était sans contredit de contrôler, d’assimiler et de détruire la culture indienne.
4. Qu’est-ce que la Commission de vérité et réconciliation?
La Commission de vérité et réconciliation a été officiellement créée en 2008 afin d’entendre, recevoir et prendre conscience des terribles histoires vécues par les enfants autochtones ayant séjourné dans des pensionnats religieux canadiens. Son but est de lancer un processus de réconciliation permettant aux peuples autochtones et à la Couronne (qui représente les Canadien·ne·s) de travailler ensemble à établir et à maintenir un cadre de vie commune fondé sur le respect mutuel, et ce, pour améliorer la qualité de vie des Autochtones. Le 30 septembre 2021, lors de la première Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, nous avons rendu hommage aux enfants disparus et aux survivants des pensionnats, à leurs familles et à leurs communautés.
Saviez-vous que la couleur orange portée à l’occasion de cette journée de commémoration est en l’honneur de Phyllis Webstad ? À 6 ans, Phyllis a été arrachée à sa communauté de la Première Nation Stswecem’c Xgat’tem en Colombie-Britannique, et envoyée à 80 km de chez elle, dans un pensionnat de Williams Lake. À son premier jour d’école, les responsables du pensionnat lui ont confisqué le chandail orange que lui avait offert sa grand-mère pour lui faire porter un uniforme. Le chandail orange est maintenant devenu un symbole de la dépossession de la culture, de la liberté et de l’estime de soi dont ont été victimes les enfants autochtones pendant plusieurs générations.
À propos de l’adaptation théâtrale et des procédés théâtraux:
Jocelyn Sioui a d’abord écrit le récit biographique Mononk Jules, publié en 2020 aux Éditions Hannenorak, avant d’en faire une adaptation théâtrale. Il y intègre divers styles théâtraux: le monologue, les marionnettes, le théâtre d’ombres, les projections vidéo, etc. Mononk Jules est un spectacle de théâtre documentaire, une forme de théâtre qui traite d’événements politiques ou sociaux, historiques ou contemporains, en s’appuyant sur des reportages, des comptes rendus, des interviews et des documents juridiques ou historiques. Bien que ces matériaux authentiques soient en général présentés tels quels sur la scène, sans en altérer la nature, il s’agit d’une forme d’art fictionnelle.
Informations tirées du carnet L’art du mot juste, produit par la SPEC du Haut-Richelieu, 2021-2022
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Mononk Jules sera présenté au Studio 16 à Vancouver du 22 au 25 février 2023. Venez prendre part et apprendre de cette œuvre qui lève le voile sur une partie de l’histoire encore trop méconnue des Autochtones au 20e siècle. Plus d’informations et achat de billets sur la page du spectacle.