Carte blanche: entrevue avec Isabelle Kirouac et Willoughby Arévalo

Cette saison, nous faisons la part belle à la création, en donnant carte blanche au duo formé par Isabelle Kirouac et Willoughby Arévalo. Au coeur de leur démarche: le développement d’une œuvre immersive sur l’écologie et la vie fongique. Conversation croisée à quelques jours de leur laboratoire.

Pouvez-vous présenter votre démarche artistique ? 

Isabelle Kirouac : J’ai fait une Maîtrise en Arts Interdisciplinaires à l’Université Simon Fraser. Je travaille souvent à la frontière entre plusieurs disciplines. Ma pratique de la danse est surtout guidée par les sensations. Ma formation principale en danse, c’est le Contact Improvisation, donc c’est une communication par le toucher. Et récemment, j’ai fait plus d’études sur l’olfaction. J’étudie la parfumerie expérimentale. Ce qui m’attire le plus, c’est le travail sensoriel. Et aussi le travail immersif en performance.

Willoughby Arévalo : Je suis artiste visuel et mycologue. Mes deux pratiques se rejoignent souvent. Je fais aussi beaucoup d’éducation : présentations, ateliers, balades en forêt. L’échange fait partie intégrante de mon travail. Mes projets en arts visuels utilisent des matériaux récupérés, recyclés, et naturels. Je m’intéresse beaucoup aux sens et aux interactions entre les espèces, à la communication inter-espèces. Isabelle et moi travaillons ensemble depuis des années. Notre travail en commun mélange les arts, la performance, les sens, l’écologie, la mycologie et l’éducation. Nous rêvons depuis longtemps de faire une performance immersive et sensorielle. Ce côté sensoriel et immersif est vraiment le fil conducteur de notre travail.

 

De qui vous entourez-vous dans ce projet ?

I. K. : Trois artistes vont travailler avec nous. Un musicien, qui s’appelle Stefan Smulovitz, et qui a créé la bande sonore de deux de mes spectacles. Il composera la musique pour une bonne partie de la performance. Un autre musicien se joindra à nous pour concevoir l’ambiance sonore: Tarun Nayar. Son nom d’artiste est Modern Biology. Enfin, Emilie Leclerc joue dans la pièce et nous aide avec le texte. Cette performance est quelque chose de nouveau pour nous, et nous ne venons pas directement du théâtre. Emilie va nous appuyer dans l’écriture et la façon de donner vie au texte.

 

Qu’est-ce qui vous a donné envie de répondre à l’appel à projet de la Carte Blanche ?

I. K. : C’était une belle occasion d’explorer un nouveau cadre. On travaille rarement en contexte théâtral, alors on savait qu’on serait un peu « en décalage », mais c’était justement l’intérêt : sortir de nos zones connues et expérimenter. L’appel nous a semblé parfait pour rassembler nos recherches sur les champignons, les sens, et la performance. Collaborer avec Émilie permet de faire le pont entre plusieurs disciplines. C’était aussi une façon de s’impliquer davantage dans la francophonie artistique, et de tisser des liens avec d’autres artistes et la communauté autour de cette thématique vivante.

 

Que voulez-vous explorer durant ce laboratoire ? À quoi le public peut-il s’attendre ?

I. K. : La performance se vivra en trois temps: une introduction à l’entrée dans la salle, l’expérience centrale, et un espace de réflexion à la fin. C’est une expérience immersive et conviviale, qui se déroule en très petits groupes de six personnes pour favoriser l’intimité. Les participant·e·s porteront un bandeau sur les yeux et des écouteurs. Nous serons là pour les guider dans l’espace, un peu comme dans un autre univers. C’est notre objectif: faire ressentir le monde à travers une autre forme de vie. On mise sur les sensations — sons, textures, odeurs — pour créer une immersion.

W. A. : Pendant des années, j’ai présenté une performance éducative que j’avais appelée La vie sexuelle des champignons, où le public vivait le cycle de vie d’un champignon à travers une méditation guidée: devenir une spore, flotter, pousser, explorer le sol, et grandir. Pour ce projet, on reprend cette base narrative, mais de manière plus immersive et sensorielle. Le public sera invité à « devenir » champignon, à ressentir la vie fongique à une échelle microscopique, enfouie dans la terre. C’est une façon de déplacer le regard humain, de vivre une autre perspective du monde vivant.

 

Willoughby, tu es mycologue. Qu’est-ce qui te fascine le plus chez les champignons?

W. A. : Quelle belle question! Ce qui me fascine, c’est leur manière de vivre en relation avec d’autres espèces, et avec eux-mêmes. Ils communiquent, transmettent des informations, négocient toutes leurs relations. Leur corps est un mycélium, un réseau de cellules en forme de tubes, chacun est à la fois autonome et responsable vis-à-vis du réseau entier. C’est un paradoxe étrange entre l’individualité et l’ensemble. Je pense que ce serait vraiment intéressant pour le public d’être plongé dans cette façon de ressentir le monde.

 

La Carte blanche sera présentée les 30 et 31 mai 2025 au Studio 16. Les inscriptions sont gratuites, via la page médiation de notre site web ou notre billetterie en ligne.

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