Maurice – Entrevue avec Anne-Marie Olivier
Figure importante du théâtre québécois, Anne-Marie Olivier a été, selon ses mots, foudroyée par l’histoire vraie de Maurice Dancause, brillant économiste atteint par AVC à 33 ans. Dans Maurice, elle se glisse dans la peau de ce personnage à l’esprit incandescent et aux mots débordants, pour retracer son parcours et son combat contre l’aphasie.
Produit par le Théâtre Bienvenue aux dames!. et Prix de la critique 2023 pour la Meilleure interprétation (Québec), et Prix Paul-Hébert 2023, le spectacle est en représentation du 17 au 20 avril au Studio 16. Anne-Marie Olivier s’est confiée à quelques jours des représentations.
Vous avez rencontré Maurice Dancause par hasard dans une fête, le jour de son soixantième anniversaire. Cette rencontre a été suivie d’une série de rencontres-entretiens qui retrace son parcours depuis son AVC. Pourquoi avoir choisi de porter son histoire sur scène?
Tout simplement parce que je n’en revenais pas, le lendemain, le surlendemain, la semaine suivante. Pour ma part, c’est un signe indéniable que je dois faire quelque chose, un spectacle, avec ça. J’ai été foudroyée, bouleversée par cette rencontre. C’était comme vivre un grand choc ou une épiphanie.
Comment vous êtes-vous glissée dans la peau de Maurice?
Nous avons eu la chance de le côtoyer beaucoup, de le filmer, de l’enregistrer et avant chaque spectacle, ou dans la journée même, j’en écoute un petit bout. J’essaie de retrouver la gestuelle, la prosodie, de me coller le plus possible à lui, en quelque sorte. Jouer demeure toujours un chemin vers la vérité qu’on peut et qu’on doit raffiner à l’infini. J’ai cette opportunité extraordinaire de jouer quelqu’un de vivant, de consentant. J’essaie d’être au meilleur de mes capacités, à sa hauteur.
Une partie de la pièce est écrite, une autre est improvisée, avec le spectateur qui accompagne le personnage de Maurice au bout de son récit. Pourquoi ce choix-là d’interagir avec quelqu’un du public? Qu’est-ce que ça fait de jouer plusieurs soirs de suite une pièce qui comporte une part d’improvisation?
On ouvre le quatrième mur. Ça a quelque chose d’excitant. Mais je ne vous cacherai pas que je suis sur les nerfs [Rires]. C’est une corde raide, mais aussi une fête. Le théâtre est un art vivant ; en faisant ce geste, on ouvre vers la salle, et arrive souvent le côté vivant et électrique de la représentation. C’est un risque, mais la grande majorité du temps, le risque est si beau. Ça devient une forme de communion avec quelqu’un, et avec toute la salle. Et on recrée en quelque sorte ma rencontre avec Maurice. Il a besoin des autres, dans la vie mais aussi pour communiquer. Juste à y penser je deviens nerveuse!
Y a-t-il une spectatrice devenue interlocutrice qui vous a particulièrement marqué?
Quand j’y pense, je revois plein de visages de gens qui sont venus jouer avec moi et j’éprouve de la reconnaissance et de l’amour. C’est un peu cheesy mais j’aime le fromage.
Que diriez-vous au public vancouvérois pour l’inciter à voir la pièce?
Ce spectacle est humain, ce spectacle est une fête. La forme est simple et accessible, mais probablement que vous n’aurez jamais vu ni vécu quelque chose comme ça. On en ressort, je crois, avec un petit quelque chose en nous qui s’est transformé ou illuminé.
Maurice se tiendra du 17 au 20 avril, à 19h30, au Studio 16. Les représentations sont surtitrées en anglais à l’exception du vendredi 19 avril. Cette représentation sera suivie d’une rencontre avec les artistes animée par Marie Villeneuve, animatrice à Radio-Canada.
Informations et billets sur la page du spectacle.
Intéressé·e par la découverte de techniques théâtrales et artistiques, sans pour autant être un·e professionnel·le? Anne-Marie Olivier animera un atelier artistique tous publics pour vous aider à développer une histoire et amener sur scène des moments de vie réelle pour faire un théâtre percutant.
Cet atelier, donné en français, aura lieu le samedi 20 avril au Carousel Theatre, de 10h à 13h. Cliquez ici pour plus d’informations et pour réserver.
