Le Potager: entrevue avec Karine Sauvé et Érika Tremblay-Roy

Du 2 au 5 février, nous aurons le plaisir de présenter le Potager, une production du Petit Théâtre de Sherbrooke, destinée aux tout-petits, de 2 à 7 ans! Tout au long du spectacle, on danse ensemble, on se lâche et on s’émerveille autour d’une serre sur laquelle se déploie la simplicité et la beauté de la nature. C’est l’expérience collective et festive que Karine Sauvé et Érika Tremblay-Roy ont souhaité créer avec cette œuvre audacieuse et résolument rock pour la petite enfance. Elles nous parlent de leur collaboration, de leurs affinités musicales, et de leur envie de plonger leurs mains dans la terre, littéralement!

Comment est né Le Potager? D’où est venue l’idée, l’envie de développer ce spectacle?

Érika Tremblay-RoyL’envie pour Karine et moi était d’abord de s’offrir un espace de création, une carte blanche. Avec l’idée de travailler pour la petite enfance a émergé très rapidement le territoire du potager, un endroit où on se sentait bien toutes les deux. On avait envie de réaliser quelque chose pour ces tout-petits qui nous apportait du bonheur, du bien-être, où on avait l’impression de grandir. On trouvait aussi que le potager est en lien avec la petite enfance. C’est un espace où les choses demandent beaucoup de soin et évoluent lentement. Ça nous faisait penser à ces tout-petits qui sont exigeants au quotidien, comme un potager. Mais c’est tellement satisfaisant de voir ce qui pousse, ce qui explose en couleur, ce qui grandit, ce qui émerge comme fruits et légumes! Le potager, comme les tout-petits, a énormément de puissance, de force vive. 

Cette idée de travailler au potager est arrivée avant la pandémie, mais ça a été quand même un hasard éclatant parce que ça nous a permis de continuer à faire le projet malgré le confinement. On a commencé à travailler dehors à l’été 2020. Karine, qui vit à Montréal, a pu venir travailler chez moi, en Estrie. Elle habitait dans une petite roulotte sur mon terrain, puis on pouvait continuer à travailler en respectant les mesures sanitaires. Pour ajouter la carotte sur le gâteau, le potager est devenu une source de réconfort pour beaucoup de gens qui ont eu tout d’un coup du temps pour s’y investir: les semences de légumes sont devenues presque aussi rares que le papier toilette en mai 2020! Donc notre goût initial pour le potager a rejoint celui de nouvelles personnes, de nouveaux·elles amateurs et amatrices. Je pense que tout était là pour qu’on plonge joliment dans cette aventure. 

Pouvez-vous nous parler de votre collaboration? S’agit-il d’une première? Comment travaillez-vous ensemble?

Karine Sauvé: Érika et moi on s’est rencontrées lorsque je suis venue travailler avec l’équipe du Petit Théâtre de Sherbrooke comme conseillère artistique sur la création jeune public « Histoires à plumes et à poils ». Ça a été formidable. On a eu une curiosité l’une pour l’autre, une impression qu’on avait des atomes crochus, donc on en a conclu que c’était sûrement une bonne idée de créer ensemble un spectacle.
Quand on travaille ensemble, on met nos envies premières, ce qui a besoin d’émerger, ce qu’on a envie de dire. Avec ce spectacle, on savait qu’on voulait créer quelque chose en lien avec la petite enfance. On mixe nos univers, qui ne sont pas si loin l’un de l’autre, et on trouve un spectacle qui pourrait rassembler nos forces et nos élans. À partir de là, on est vraiment dans la création du concept, on se donne du temps d’écriture.

Ce qui a été fantastique avec Le Potager, c’est qu’on a littéralement mis les mains dans la terre. Enfin, c’est plutôt Érika qui a mis les mains dans la terre avec sa fille Claire de temps en temps, tandis que je venais en campagne filmer! On a ainsi filmé plein d’étapes de la création du potager au cours de différentes saisons. Puis on s’asseyait souvent dehors, à proximité de notre potager, et on écrivait les chansons du spectacle tout en se parlant et en partageant nos idées. On a ensuite travaillé avec Guillaume Gilbert, fabuleux compositeur, à qui nous avons montré les chansons que nous avions écrites. On lui a donné des « couleurs musicales » et il a préparé ses compositions autour de notre texte.

La musique et la vidéo sont des aspects essentiels de ce spectacle-concert. Saviez-vous dès le départ que vous vouliez créer une œuvre qui mélangerait théâtre, musique et arts visuels?

Karine: Oui! Dans ce qui nous anime, il y avait le théâtre, la musique et les arts visuels. Au sein du Petit Théâtre de Sherbrooke, Érika travaille avec différents médias pour créer des œuvres qui sont souvent mixtes et autour desquelles elle réunit des concepteur·rice·s et artistes de plusieurs disciplines dont elle fait vraiment ressortir les forces. Elle est aussi musicienne. Et de mon côté, j’intègre les arts visuels et la musique également dans ma pratique. C’était donc une évidence pour nous.

Pour moi, c’est souvent l’architecture et le moment de la rencontre, le fait d’être dans une salle, dans le noir, tou·te·s ensemble, qui est la base du théâtre, davantage que la narration ou les personnages. On a donc eu envie de créer un concert qui serait vraiment comme un travail d’arts visuels. Dès le départ, on voulait créer une œuvre interdisciplinaire pour la petite enfance.

Au niveau de la musique, pourquoi avoir opté pour une proposition rock? Et comment avez-vous trouvé les trois musiciens du spectacle (Guillaume Gilbert – guitare; Simon Bergeron – batterie; Fred Giguère – chant)?

KarineOn a vraiment eu envie de rock naturellement, c’est quelque chose qui nous reliait. Les jeunes enfants adhèrent aussi facilement à ce type de musique bien qu’on le leur propose rarement. Il y a vraiment de superbes propositions théâtrales pour la petite enfance qui sont souvent très douces au niveau musical. Mais on voit dans les familles que si on met une musique rock et qu’on danse, c’est presque certain que les touts-petits vont vouloir danser à leur tour, qu’ils vont avoir le goût du beat, de le sentir dans leur corps.  

On avait envie que cette expérience puisse se vivre en famille, au théâtre, de façon communautaire. Si les jeunes enfants peuvent vivre tous ensemble un spectacle, c’est fabuleux. C’est drôle aussi de voir à quel point les ambiances peuvent être différentes entre les représentations scolaires et familiales. C’est beau de voir les familles se lever tranquillement pendant le spectacle, et parfois attendre jusqu’à la dernière chanson pour vraiment danser. Tandis qu’avec les garderies, dès le premier coup de batterie il y a un enfant qui bondit, puis tous les petits commencent à danser ensemble en se tenant la main, en sautant. Il y a vraiment une énergie forte. On essaie aussi de rythmer le spectacle afin que le public puisse se rasseoir, qu’on revienne au calme avant de recommencer. Il y a quelque chose de très exaltant dans le rock, d’accessible. 

En ce qui concerne les musiciens, Fred Giguère, au chant, travaille à la médiation pour le Petit Théâtre de Sherbrooke. Elle a une voix formidable, et elle était dans un groupe avec Guillaume Gilbert, compositeur, en plus d’être un guitariste fabuleux. On a donc commencé à travailler avec eux, puis ils nous ont tous les deux proposé d’intégrer Simon Bergeron en tant que batteur, un autre formidable musicien de Sherbrooke.

Le spectacle a déjà été présenté plusieurs dizaines de fois au Québec à l’automne 2022. Y a-t-il des moments marquants, des réactions ou commentaires des enfants et de parents qui vous restent particulièrement en mémoire?

Érika: Oui, évidemment, il y a autant de moments qu’il y a de représentations! À l’automne 2022, le spectacle a été joué près de 40 fois. Il s’agit de la seconde saison du Potager, et on est déjà à près d’une centaine de représentations au total au Québec. Parmi les moments qui me restent en mémoire, il y a celui d’un tout-petit avec son groupe de garderie qui, lui, dès les premières notes de musique, s’est levé tout seul et s’est mis à danser. Il a été enivré pendant les 40 minutes du spectacle. À la dernière note de musique, il a applaudi mais, lorsque les musiciens ont quitté la salle, il s’est mis à pleurer toutes les larmes de son corps. Il ne voulait pas que se termine cette invitation à danser.
Des moments comme celui-là, où on voit des enfants en profiter pour être libres dans leur corps, pour danser, pour s’exprimer, il y en a évidemment beaucoup dans ce spectacle. Il est fait pour ça, il est fait pour être vécu avec son corps. Et puis pas juste des enfants. C’est beau de voir quand il y a des parents et des grands-parents qui osent se lever. Les adultes ont quand même un petit peu plus de réserve parfois à se lâcher comme les enfants le font. Mais lorsque la magie opère dans les représentations familiales, et que les adultes et les enfants se donnent la permission d’en profiter ensemble, il se passe vraiment quelque chose de magnifique. Tout d’un coup, on est vraiment ensemble. Le Potager est un spectacle qui se vit presque autant à observer ce qui se passe dans la salle qu’à écouter la musique et à regarder les projections vidéo sur la serre. Ce spectacle génère beaucoup de joie. Ça me rend heureuse, moi aussi. 

Que diriez-vous aux parents vancouvérois pour les encourager à prendre part à cette expérience théâtrale avec leurs petits bouts?

Érika: Pensez à quel point ça fait du bien quand vous mettez la musique dans votre salon, que vous dansez et faites les fous avec vos tout-petits. Ce spectacle permet ça! Ce n’est pas un spectacle pendant lequel on doit rester bien sage, mais pendant lequel on s’exprime. Si vous le souhaitez, vous pouvez aussi commencer dès maintenant l’expérience en écoutant la musique du spectacle avant votre sortie au théâtre. Toutes les chansons sont mises en ligne en écoute gratuite. C’est encore plus engageant quand vous entendez jouer les morceaux que vous connaissez déjà par les musiciens pendant le spectacle. Je vous invite donc à écouter la musique en famille avant et après le Potager, et à venir danser avec nous! 

 


Le Potager sera présenté du 2 au 5 février au Studio 16.
Les représentations des 2 et 3 février à 10h sont ouvertes aux groupes (pré)scolaires seulement. Contactez-nous par courriel à ventes(at)seizieme.ca ou par téléphone au 604.736.2616 pour davantage d’infos et effectuer une réservation.
Représentations familiales le samedi 4 février à 14h et le dimanche 5 février à 10h. Rejoignez-nous pour vivre un moment inoubliable avec vos petits bouts, et mettez-vous dans l’ambiance du spectacle dès maintenant en écoutant la musique du Potager par ici.
Infos et billets sur la page du spectacle

 

604.736.2616
[email protected]

226-1555, 7e Avenue Ouest
Vancouver, C.-B. V6J 1S1

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