Lentement la beauté: entrevue avec Craig Holzschuh

Pour célébrer notre 50e saison, Craig Holzschuh, ancien directeur artistique et general de la Seizième, nous fait le plaisir de revenir à Vancouver pour mettre en scène la lecture de “Lentement la beauté”. Metteur en scène de la première production en 2009, il réunira pour l’occasion une partie des interprètes de la première distribution. Nous avons récolté ses impressions, au premier jour des répétitions.

Photo © Emily Cooper

 

Vous avez mis en scène Lentement la beauté en 2009. Que voulez-vous aborder sous un autre angle, en 2025 ? 

Lentement la beauté concentre les interrogations d’un personnage. “Qu’est-ce que je fais ici ? Pourquoi ? Comment est-ce que je vis ma vie ?” Ce sont des questions que tout le monde se pose, et qui évoluent avec nous. Il y a 16 ans, j’étais évidemment dans une autre phase de ma vie. Le monde, depuis 2009, a aussi évolué. Ce qui m’intéresse, c’est ce besoin d’être ensemble, de partager un moment avec un public. J’ai envie d’observer cette connexion, de l’explorer en profondeur. Être rassemblé•e•s dans cette salle, un soir de mars, à Vancouver, en 2025, qu’est-ce que ça signifie ?

 

Qu’est-ce qui vous avait touché dans ce texte à l’époque ? Est-ce qu’il résonne encore aujourd’hui ?

C’est un excellent texte, qui repose sur une idée simple : être capable de trouver la beauté dans les petits moments de la vie. Beaucoup de gens – moi y compris – se disent : “Je travaille du lundi au vendredi. J’ai ensuite deux jours de week-end, où je cours partout pour faire ceci avec les enfants, pour faire cela pour la maison.” C’est crucial de voir l’utilité, la beauté, l’importance de tout ce que nous faisons, et de valoriser les petites choses dans nos vies. Elles s’accumulent et deviennent de grandes choses ensuite. C’est cette idée qui m’a marqué à l’époque, et qui me marque encore.

 

Lentement la beauté était produite en co-production entre la Seizième et L’UniThéâtre. En quoi la pièce a-t-elle été marquante pour les deux compagnies? 

Ça a vraiment été un tournant. Lentement la beauté était notre première collaboration à destination du grand public. Avec le directeur artistique Daniel Cournoyer, nous avions parlé plusieurs fois de travailler ensemble. Nous avions un grand respect mutuel pour les artistes de nos provinces réciproques. Lentement la beauté nous a permis de créer un lien entre nos artistes, nos artisan•e•s, et notre public respectif•ve•s. Les concepteur•rice•s venaient des deux endroits. Aujourd’hui, certain•e•s reviennent encore travailler avec nous. Nous avons pu élargir cette famille.

Nous avions vraiment rejoint le public avec cette production. À Vancouver, nous avons joué à guichets fermés. Il y avait des files d’attente, du monde, des spectateur•rices qui revenaient… Je me souviens d’une spectatrice qui est revenue voir le spectacle 4 ou 5 fois, parce que la pièce la touchait. C’était fascinant. Elle me disait qu’elle découvrait quelque chose de nouveau à chaque fois.

C’était aussi la première fois que la Seizième a été reconnue aux Prix Jessies Richardson, avec plusieurs nominations. On commençait à nous voir comme une compagnie de théâtre de qualité, qui travaille en français.

 

Vous allez diriger une partie de la distribution originale : Joey Lespérance, qui reprend son rôle, France Perras, Mireille Moquin… Que ressentez-vous à la perspective de travailler à nouveau avec ces artistes?

Joey et moi avons continué à travailler ensemble, notamment lors de la phase d’écriture de Michel(le). Lui et France font partie des artistes avec qui j’ai travaillé jusqu’à mes derniers jours à la Seizième. Quand à Mireille, je la connais depuis longtemps. Pour moi, pour que la lecture soit un succès, il fallait des acteur•rices qui ont étaient déjà dans la distribution initiale. Mais je souhaitais aussi que nous puissions trouver d’autres interprètes.

 

Cette fois, le processus ne durera qu’une semaine…

Ce sera un travail complètement différent. D’autant plus que ce n’est plus ce que je fais dans la vie. Que tout s’aligne pour que je puisse mettre en scène la lecture pendant cinq jours, ça me touche énormément.

 

Qu’est-ce qui fait la beauté du théâtre, pour vous?

Pour moi, c’est toujours une rencontre. En commençant une production, on rencontre un texte. Je me souviendrai toujours de certains textes, de premières rencontres sont restées avec moi dix, quinze, vingt ans après la première lecture. À chaque fois, c’est comme une rencontre amoureuse. C’est vibrant, c’est fragile, c’est excitant. Cette énergie que l’on ressent quand on rencontre des artisan•e•s, des concepteur•rice•s, des acteur•rices…

Et il y a le public. J’ai toujours aimé le Studio 16. Dans ma vie, je pense avoir vu seulement deux ou trois représentations en entier depuis la salle. J’étais toujours en haut, à la régie, en train d’observer le public, leurs réactions. Ça me rendait toujours très heureux de pouvoir les rencontrer après.

Quant à ma première rencontre avec Lentement la beauté… J’avais assisté aux Fenêtres de la création théâtrale à Longueuil, au Québec, il y a des années. Michel Nadeau et son équipe voulaient donner un avant-goût aux diffuseurs, pour produire la pièce. J’avais vu les premières minutes de la production, et j’étais vraiment bouleversé. Nous avons été le premier théâtre à obtenir les droits en dehors de la production originale. Cette rencontre a duré plusieurs années, et elle continue aujourd’hui. Je trouve ça extrêmement excitant.

 


Lentement la beauté sera à l’affiche pour une seule représentation le 21 mars 2025. Infos et billets disponibles sur la page du spectacle.

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